Mon roman ~~~~~~> chapitre 1

Les passeurs de Temps

Livre I :

Partie I

-1-

Le Seigneur de l’Ombre leva la main pour faire taire les rumeurs qui circulaient à vive allure. L’assemblée réunie fit le silence en attendant la suite. Un seul importun cru bon de poser la question qui passait de lèvres en lèvres depuis des mois.
- Est-ce vrai qu’un nouveau Passeur est apparu ?
Le Seigneur foudroya littéralement du regard l’imprudent qui avait osé poser cette question. Les autres se turent et attendirent la réponse qui ne tarda pas.
- Oui, un nouveau Passeur est là pour se dresser sur mon chemin. Mais il ignore que les vingt-six Clefs nécessaires pour bouleverser le temps se sont éparpillées, reprit le Seigneur de l’Ombre d’une voix doucereuse, la seule Clef que je ne peux pas atteindre est celle du vingt-et-unième siècle.

À des lieux, des siècles de cela, vivait Lily Dejeun. Lily avait treize ans tout ronds, des yeux noisette avec une pointe d’or dedans et des cheveux brun foncé et frisés comme un petit mouton. Son intelligence surpassait de loin celle de toute sa classe réunie. Une grande taille, des cheveux longs, des lèvres rouge sang et des reflets dorés dans ses cheveux faisaient d’elle une créature étrange et incroyablement belle.
La veille de Noël au soir, alors qu’elle lisait au coin du feu, seule, une chose étrange se passa : le feu qui ronflait dans la cheminée parut s’éteindre de lui-même alors qu’une forme se matérialisa devant la cheminée. Intriguée, Lily se dirigea vers cette forme et elle fut fort surprise de s’apercevoir que c’était une forme humaine, un peu brouillée certes, mais une forme humaine quand même.
- Lily ?
La jeune fille recula vivement en entendant son nom prononcé par la forme humaine. Puis la voix se tue un court instant mais elle repris plus pressante.
- Lily, tu dois m’écouter !
- Qui… qui êtes-vous ?
- Ce que je suis et qui je suis n’a pas d’importance, c’est toi qui est importante.
- Moi ? Je ne suis qu’une simple élève et pas du tout importante…
- Nous savons qui tu es réellement, l’interrompit la voix, mais toi tu ne le sais pas. Viens demain soir à la messe de minuit pour Noël, et tu comprendras.
Lily regarda la forme disparaître lentement et le feu reprendre de l’importance avant de décider qu’elle venait de rêver éveillée et qu’il était tard et temps d’aller se coucher.
Elle ne dormit pas cependant, la forme hantait ses rêves dès qu’elle fermait les yeux et commençait à s’endormir. Elle passa une nuit horrible, rêvant tour à tour du feu, de la forme immatérielle et de Noël.
Le lendemain matin, sa mère ne la trouva pas très en forme. Elle demanda à pouvoir aller à la messe de minuit, qui devait avoir lieu le soir même. Mme Dejeun résista autant qu’elle pu mais fini par céder devant l’air suppliant de sa fille. Elle lui conseilla de se recoucher car elle avait une mine horrible, la même que celle d’un vampire.
Lily monta se recoucher et le soir même, elle était assise au premier rang de l’église à côté de sa mère. La messe se déroula sans qu’aucune forme ne vienne la troubler. La jeune fille commença à se demander si ce n’était pas une farce, lorsqu’elle senti un regard posé sur sa nuque. Elle se retourna et se trouva nez à nez avec un garçon de son âge. Plutôt grand, les cheveux noirs en bataille, une bouche étirée en un joli sourire crispé et des yeux ressemblants aux siens.

Ce même matin du vingt-cinq décembre, Tom Silva se réveilla vers midi, s’étira et partit en direction de la cuisine, où un bon petit-déjeuner l’attendait. En entrant dans la pièce, une lettre se trouvait à côté du bol de son père. Il devait avoir oublié de la lire et Tom pensa qu’il lui était permis de savoir ce qu’elle contenait. Il la prit et l’ouvrit.Une feuille pliée en quatre s’échappa de sa prison de papier et atterrit sur la table. Elle était écrite d’une encre vert émeraude avec des arabesques rouge sang. Le support d’écriture se trouvait d’être un vieux parchemin usé et patiné par le temps. En posant ses yeux sur les premières lignes, Tom sus aussitôt que la lettre n’avait rien d’ordinaire et n’était pas écrite par sa grand-mère donnant de ses nouvelles à son fils, le père de Tom, mais une personne qui lui était inconnue. Voici ce que disait la lettre :

Cher M. Silva,

J’ai l’honneur de vous inviter, vous et votre famille, à notre grand réveillon pour Noël. Nous vous donnons rendez-vous devant notre villa pour assister à la messe de minuit et revenir ensuite chez nous pour y déguster un succulent repas.

Avec nos sentiments distingués et l’espoir de vous avoir à notre table ce soir,

Lord Faucette


En reposant la lettre, Tom comprit que son père ne lui avait jamais parlé de ce Lord Faucette. Peut-être avait-il simplement oublié de me présenter cet homme ? Mais il comprit aussi que cette nuit, ils allaient êtres obligés d’aller à ce réveillon. Il sentit aussi que cette soirée calme, entre amis, serait la dernière avant plusieurs années. Tom se raisonna et entrepris de manger ses tartines.
À presque quatorze ans, Tom était un garçon grand et séduisant ; ses cheveux noirs en bataille lui donnaient toujours l’air de sortir d’un duel à l’épée assez acharné et ses yeux noisette et or lui donnaient un air mystérieux qui faisait craquer toutes les filles.
Il se leva, posa son bol dans l’évier et partit s’habiller. En redescendant l’escalier pour aller à la patinoire de son quartier, le garçon brun croisa M. Silva qui revenait de l’hôpital. Mme Silva était souffrante depuis plusieurs années, ce qui avait obligé son mari à l’inscrire dans une pension à long terme, à l’hôpital de leur village. Tom et son père rendaient des visites régulières à Mme Silva pour l’aider à passer le temps plus vite. Donc M. Silva revenait d’une visite à sa femme et l’air inquiet sur son visage alarma Tom.
- Elle ne va pas bien ?
- Non Jane ne va pas très bien. Les médecins disent qu’il ne lui reste plus que quelques jours à vivre et que si elle parvint à rester en vie jusqu’au Nouvel An, ce serait un miracle d’après l’espérance de vie qu’il lui reste.
Tom remonta dans sa chambre, il s’effondra sur son lit et pris une boîte posée sur la table à côté du lit. Il en sortit des photos d’un temps passé. La première représentait un homme avec une femme à ses côtés. Le nez droit, les yeux noirs et des cheveux en bataille, l’homme avait tout pour plaire. La femme était plus petite, mais souriait. Une fine bouche, des yeux rieurs et de longs cheveux blonds flottaient épars sur ses épaules. C’étaient la mère et le père de Tom, le jour de leurs fiançailles. La deuxième photo avait été prise trois ans après leur mariage : Mme Silva tenait un bébé sur ses genoux et riait. M. Silva arrivait avec un gâteau d’anniversaire, sur lequel une bougie était plantée. Le premier anniversaire de Tom. La dernière remontait à seulement un an : Jane et un jeune garçon aux cheveux noirs en bataille se promenaient sur la plage, un soir de beau temps. Le mari de Jane ne figurait pas dessus.
Tom sentit les larmes lui monter aux yeux et il s’empressa de remettre les souvenirs dans leur boîte.
À dix-huit heures, M. Silva passa la tête par l’entre bâillement de la porte et sourit à son fils.
- Tom ! J’ai une bonne nouvelle pour toi !
- On va aller au réveillon de ce Lord Faucette ?
M. Silva ne cacha pas sa surprise en apprenant comment le garçon qui lui ressemblait avait appris l’existence de Lord Faucette.
- Tu lis mon courrier maintenant ? mais oui, Tom, on va y aller. Prépares-toi et retrouves-moi dans le vestibule à dix-neuf heures précises !
Et il partit en laissant le jeune homme seul. Le soir même, ils étaient dans la voiture en direction de la villa de Lord Faucette. Ils arrivèrent et se garèrent avec les voitures des autres invités. En descendant de voiture, Tom remarqua que la «villa» de Lord Faucette ressemblait plus à un manoir. Les tourelles se dressaient de chaque côté du mur en face du parc immense. Une grande et lourde porte de style baroque permettait d’entrer dans l’imposante demeure. Des torches enflammées brillaient dans le parc. Une forêt se dressait derrière la bâtisse avec ses sombres recoins et ses noirs secrets. Le jeune homme frissonna de peur à l’idée que cette forêt abritait certainement des loups et autres carnivores. Il suivit le petit groupe d’invités, menés par Lord Faucette en personne, et arriva très vite à l’église du village. Il entra en compagnie de son père et se glissa au deuxième rang. Une fille de son âge était devant lui. Il distinguait des reflets roux dans ses cheveux brun foncé. La jeune fille dû sentir qu’il le regardait car elle se retourna et Tom croisa son regard. C’était un regard doux et plein de gentillesse ; on sentait de la détermination et de l’intelligence dans son regard. Ses yeux pétillaient de malice et de bonheur.

Lily observa le garçon derrière elle et lui sourit. Il lui rendit maladroitement son sourire. Ce ne doit pas être tous les jours qu’une fille lui sourit !
Elle reporta son attention sur la messe. La messe finie, elle s’apprêta à repartir, lorsque le garçon maladroit attira son regard. Elle prêta plus d’attention sur les gens qui l’entourait et cru reconnaître la personne qui lui était apparue la veille. Un vieil homme aperçut la jeune fille et sa mère et il s’écria :
- Mme Dejeun ! je ne savais pas que votre fille allait à la messe ?
- Oh, bonjour Lord Faucette. C’est vrai, Lily a insisté pour venir ! Étrange non ?
- Pas plus étrange que de ne pas vous avoir toutes les deux dans ma compagnie ! Venez chez moi : je vous invite pour le réveillon !
- Lord Faucette, nous ne pouvons…
Lily remarqua que les joues de sa mère avaient virées au rouge lorsque ce Lord Faucette leur avait proposé de réveillonner avec lui. Ce fut avec joie que Mme Dejeun accepta et elles rejoignirent le petit groupe. Tout en marchant, Lily fit plus ample connaissance avec le garçon. Elle apprit qu’il s’appelait Tom Silva, qu’il avait treize ans et que sa mère était très malade, au point de devoir rester à l’hôpital. En dix minutes, Lily avait déjà raconté toute sa vie de A à Z. Le groupe arriva chez Lord Faucette et pénétra pour se mettre à table, dans la salle à manger. En entrant dans la salle de séjour, Lily crut avoir pénétrer dans la Galerie des Glaces, à Versailles. Il y avait tant de miroirs et de lumière, que l’on devait se protéger les yeux avec ses mains, si on ne voulait pas devenir aveugle. Des peintures représentant les quatre saisons ornaient le plafond ; le parquet de chêne était ciré et l’on pouvait y voire son reflet ; les miroirs, dans leurs cadres plaqués or, étaient postés de telle manière que la lumière donnait l’impression de sortir des cadres et des tableaux présents. Ces derniers représentaient des scènes singulières et étranges : sur les premiers, des scènes de combat et de batailles sanglantes y étaient peints ; les suivants offraient au regard une vue sur des paysages magnifiques mais surprenants : des vallées verdoyantes piquées de petites fleurs bleues, blanches et jaunes. De grands arbres, sur les côtés, cadraient la vue sur le château de pierre blanche. Des tourelles en ardoise se levaient fièrement vers le soleil et la porte, en noyer et entrouverte, laissait deviner une cour intérieure fleurie.

Lily continua à détailler les tableaux suivants et fut étonnée de reconnaître un lieu qui lui était souvent apparu en rêves : une salle avec un plafond en voûte, comme dans les églises, avec, au sol, une étoile à vingt-sept branches. Le dallage régulier et en marbre blanc semblait se prolonger à l’infini. Des lustres de cristal pendaient du plafond et éclairaient le tableau d’une lumière irréelle et bleutée. Des chandeliers étaient posés au bout de chacune des branches de l’étoile et, au centre du dessin, un petit promontoire. Sur l’édifice, un objet semblait être posé, mais le peintre avait fait de sorte que l’on ne pouvait pas savoir ce qu’était cet objet.
- Tu t’intéresses à ce tableau ?
Lily sursauta et reconnut Tom. Soulagée elle lui répondit honnêtement.
- En fait, il me semble l’avoir déjà-vu. Pour être plus précise, rajouta-t-elle devant l’air étonné de son interlocuteur, je croit l’avoir vu en rêve.
- C’est bizarre, moi aussi. Tu crois que…
Mais il ne put pas terminer sa phrase : Lord Faucette les appelait pour le repas.
Tout en dînant, Lord Faucette raconta tous ses voyages à travers le monde. Lily s’ennuyait, les baratinages du maître de maison l’endormaient et ce fut avec soulagement qu’elle pu se lever de table. Tom l’entraîna dans la pièce des tableaux, où un feu ronflait dans une cheminée de marbre,e encadrée de deux fauteuils d’un rouge sombre qui se faisaient face. Les enfants s’installèrent dans les fauteuils moelleux.
- Tu m’a dit tout à l’heure, que tu croyais avoir déjà vu le tableau représentant la salle.
- Oui, tu crois que c’est un hasard ?
- Je ne sais pas, confessa Tom, il m’arrive des trucs bizarres depuis que j’ai… perdu ma vraie mère.
- Oh…
Lily fut chamboulée par cette nouvelle. Elle ignorait que la vraie mère de son ami était morte. Voulant changer de discussion mais ne sachant pas de quoi parler, elle tourna machinalement la tête vers le feu. L’étrange phénomène produit la veille, se manifesta. La forme humaine se matérialisa.
- Les enfants ?
Tom recula puis regarda Lily avec étonnement. Lily lui fit signe qu’elle ignorait ce qu’était réellement cette forme, puis reporta son attention sur cette dernière.
- Qui êtes-vous ? Je vous le redemande encore une fois, mais pas deux !
- Je suis Lyra.
- Lyra ? Mais vous êtes quoi plus précisément ?
- Je suis la Dame Verte de Caerphilly. Vous devez m’aider !
Tom et Lily reculèrent par crainte. Ils reculèrent tellement qu’ils se heurtèrent à la bibliothèque d’acajou qui se trouvait dans le fond de la pièce et une pile de livres leur tomba dessus. Ensevelis sous les précieux ouvrages, ils mirent plusieurs minutes à émerger de dessous la pile. Lyra n’avait pas bougé et les regardait avec pitié se démener au milieu des vieux livres reliés de cuir et incrustés de pierres précieuses. Ils parvinrent enfin à s’extirper des ouvrages et retournèrent s’asseoir prudemment dans les fauteuils. Lyra les regarda avec un air désolé puis prit la parole d’une voix mélodieuse et teintée de tristesse.
- Avez-vous peur de moi ?
- C’est difficile à dire, expliqua Tom, vous apparaissez comme ça et vous nous demandez de vous aider. On peut avoir peur de quelqu’un rien que pour ça !
- Tu es logique. Écoutez, je ne peux vous contacter que pour quelques instants. Alors je vais faire court. Je ne suis qu’un fantôme. Le fantôme de Lyra Mac Sol. C’est une famille ancienne et venue de loin, de très loin, de la lointaine terre d’Ecosse. Mon père, un homme brutal et qui s’adonnait souvent à la boisson, avait perdu toutes nos terres dans un jeu d’argent. Ma mère, une femme très douce et très calme, accepta sans omettre d’objections la décision de son mari : quitter nos terres en Ecosse pour aller vivre à Caerphilly où un de ses amis mettait à notre disposition un vieux château délabré. En arrivant dans notre nouveau domaine, je craignais de ne pouvoir m’adapter à ce nouveau château. Mais c’était sans compter sur la patience d’ange de ma chère mère. Enfin, nous prîmes des domestiques pour entretenir le domaine. J’eu le droit à un domestique de mon âge pour assurer mon service. Il s’appelait Lancelot, très beau et très intelligent, il m’a séduite dès le premier regard. J’ignore comment cela s’est produit, mais tout ce que je sais c’est qu’il faisait nuit, une nuit d’orage, il entra dans ma chambre, un petit poignard à la main. « Tues-moi. » ce fut les paroles qu’il prononça en me tendant le poignard. Je ne voulais pas, mais il insistait, nous dûmes nous battre car lorsque le matin se leva, le cadavre de celui que j’avais aimé baignait dans une mare de sang. J’ignorais comment il avait pu mourir. Affolée, je me mis à crier puis je tentais de me jeter par la fenêtre pour rejoindre dans la mort celui que j’avais aimé plus que ma vie. Ma mère entra juste à temps pour m’empêcher de mourir. Pleurant à chaudes larmes, je lui promis de ne rien tenter pour m‘ôter la vie. J’attendis qu’elle soit sortie de la chambre, qui se trouvait au sommet d’une tour, pour me laisser tomber en chute libre par la fenêtre.
Lily regarda horrifiée Lyra. Elle avait du avoir un passé horrible ! En jetant un regard en coin à Tom, elle vit à son regard éteint qu’il partageait son avis. Puis une question lui vint à l’esprit. Elle n’osa pas la formuler de peur de froisser la jeune femme.
- Mais comment êtes-vous devenue, comment vous dites ? Une Dame Verte ?
- Mon garçon, les Dames Vertes sont rares, en ce moment il n’existe que vingt-sept Dames Vertes si on compte leur Reine. C’est elle qui m’envoie vers vous. Elle veut que vous nous aidiez à combattre le Seigneur de l’Ombre !
- Je ne crois pas avoir bien compris, là, intervint Tom, vous avez dit combattre ?
- Oui, j’ai dit combattre. Vous êtes nés pour combattre ! Ma Reine en est persuadée !
- Moi aussi.
Lily et Tom se retournèrent d’un même mouvement et découvrirent Lord Faucette adossé au chambranle de la porte qui leur souriait d’un sourire éclatant.
- Je vois que ma chère amie Lyra, il fit un signe en direction de la jeune femme, vous a presque mit au courant ?
- Oh Eustache ! Tu étais là ?
- Lyra, tu sais que je suis partout… As-tu expliqué à nos amis en quoi consistait leur tâche ?
- Elle allait le faire…
Lily répondit à la place de Lyra. Eustache Faucette regarda la jeune fille et lui sourit. Il fit apparaître un fauteuil du néant et s’installa auprès des deux enfants médusés.
- Bien. Vous a-t-elle tout expliqué depuis le début ?
- Non, ils m’en ont empêché !
Eustache soupira. Il sortit de sa poche une pipe en bois de rose, la bourra et l’alluma. Il en tira deux ou trois bouffées et reprit la parole.
- Tous les deux, dit-il en désignant de sa pipe les deux enfants, vous êtes des Passeurs. Il n’en a existé que vingt-cinq depuis la Nuit des Temps. C’est assez curieux qu’il en ait eu deux cette époque-ci, reprit-il songeusement, mais bon. Vous êtes donc des Passeurs et la Reine Guenièvre a besoin de votre aide.
- Reine Guenièvre ?
- C’est la Reine de notre chère Lyra, répondit le comte . Acceptez-vous de l’aider ?
- Je vous prévient, intervint Lyra, vous n’avez pas le choix !
Lily et Tom se consultèrent du regard puis Tom pris la parole en son nom et en celui de sa camarade.
- Laissez nous du temps pour réfléchir. Nous viendrons vous donner notre réponse demain.
Eustache ferma les yeux quelques instants pour réfléchir et les rouvrit pour parler.
- Si vous le désirez, revenez demain. Mais si vous ne revenez pas, nous sommes perdus.
Puis, il se leva, salua Lyra et au moment de franchir le pas de la porte il lança aux enfants par-dessus son épaule :
- Vos parents sont partis depuis une heure. Ils voulaient que vous reveniez il y a exactement une demi-heure. Vous êtes en retard.
Et il sortit de la pièce.
Lyra salua les deux enfants et disparut lentement. Lily et Tom se levèrent à leur tour, allèrent dans le vestibule, mirent leurs manteaux et sortirent dans la nuit froide d’hiver.